La pierre angulaire du traitement médicamenteux est constituée par les bisphosphonates chez toutes les formes d’OI avec minéralisation osseuse préservée (1, 2, 5, 15–20). Les bisphosphonates inhibent la résorption et le métabolisme osseux et sont établis dans le cadre du traitement de l’ostéoporose post-ménopausique. Bien qu’ils ne soient pas autorisés pour la prophylaxie des fractures en cas d’OI, des études d’observation et un essai contrôlé avec des enfants ont montré une augmentation de la densité osseuse et une réduction cliniquement pertinente des fractures après l’administration cyclique de pamidronate (par voie intraveineuse, tous les 3 mois), la substance la mieux documentée dans ce contexte, sans effets secondaires pertinents tels que des perturbations de la croissance ou de la guérison des fractures, même chez les jeunes enfants (5, 15–18, 21, 22). Les effets bénéfiques semblent être les plus prononcés au cours des deux à quatre premières années du traitement. Des informations sur la tolérance à long terme manquent.

Des résultats similaires sont également disponibles pour d’autres bisphosphonates, mais dans un plus petit nombre d’études et de cas. Le zolédronate par voie intraveineuse pendant six à douze mois, le risédronate et l’alendronate par voie orale entraînent une augmentation de la densité osseuse, mais en raison du faible nombre de cas, une réduction de la fréquence de fractures ne peut pas toujours être objectivement démontrée (17, 22–26). Une étude comparative entre le zolédronate et l’alendronate a toutefois pu démontrer un taux de fracture clinique plus faible sous zolédronate (27). Comme les enfants continuent leur croissance, la forme des vertèbres s’améliore également. Une diminution des douleurs osseuses, une meilleure mobilité et une meilleure force musculaire ont notamment été signalées (2, 28).

Un traitement par bisphosphonates est indiqué chez les enfants et les adultes atteints d’OI en présence de fractures vertébrales et de la survenue fréquente d’autres fractures (2 fractures ou plus par an).

Indication d’un traitement par bisphosphonates

Enfants et adolescents

  • Déformations (os longs)
  • Fractures vertébrales
  • Fractures fréquentes du squelette périphérique

Il est important de noter: le degré de gravité est déterminant!

Comme les enfants sont en pleine croissance et que le remodelage osseux total est donc nettement plus élevé que chez les adultes, la durée du traitement ne peut pas simplement être déterminée par analogie avec les adultes. Étant donné que l’activité du métabolisme osseux est nettement plus élevée chez les enfants en croissance que chez les adultes, un intervalle de dosage plus court est souvent appliqué chez eux. Pour le dosage chez les enfants, des schémas posologiques spécifiques sont disponibles dans les établissements traitants. Les bisphosphonates sont généralement administrés par cycles. Pendant la croissance, le nouvel os formé après l’administration du bisphosphonate n’est donc pas ou peu affecté par le bisphosphonate, ce qui est également visible sur la radiographie par l’apparition de lignes de densification. Il y a maintenant des indications que l’os nouvellement formé entre l’os exposé au bisphosphonate est un peu moins résistant et qu’il peut donc y avoir une augmentation des fractures dans cette zone si les intervalles sont trop longs ou après l’arrêt du traitement par bisphosphonates (11, 30, 31). Cela a conduit à la pratique récente de ne pas faire de longue pause dans le traitement chez les enfants, mais de continuer le traitement en réduisant la dose de bisphosphonate si la réponse au traitement est bonne. Jusqu’ici, on ne sait pas encore très bien combien de temps le traitement doit être poursuivi, mais il semble faire sens de le maintenir jusqu’à ce que les cartilages épiphysaires (jointures de croissance) soient fermés.

Adultes

Chez les adultes, un risque de fracture fortement accru peut à lui seul constituer une indication.

  • Fractures vertébrales ou fractures périphériques multiples
  • Densité osseuse nettement réduite
  • Par ailleurs mêmes critères que pour les femmes ménopausées ou les hommes > 50-60 ans

La durée du traitement est moins bien définie en cas d’OI qu’en cas d’autres formes d’ostéoporose. Habituellement, une ostéoporose post-ménopausique est traitée par un bisphosphonate pendant 3 à 5 ans (29). La raison pour laquelle on n’effectue pas forcément un traitement permanent est que les bisphosphonates, qui se fixent sur l’os et y restent pendant de nombreuses années, ont un effet même après l’arrêt du traitement. Une autre raison pour laquelle on fait aujourd’hui une pause dans le traitement, qu’on observe l’évolution et qu’on recommence un nouveau cycle de traitement seulement si la situation s’aggrave, est qu’on a constaté que des fractures dites atypiques (fémur) peuvent survenir lors de traitements à long terme et que, parallèlement, il existe également un certain risque d’ostéonécrose de l’os de la mâchoire. Dans le cas de l’OI, comme pour les autres formes d’ostéoporose, le médecin traitant doit décider individuellement avec la personne concernée de la durée du traitement.